Pompe à essence RICHFIELD américaine de 1937 restaurée
9 500,00€
Description:
Pompe à essence Richfield, modèle 1937
En forme de borne, avec une réserve vitrée présentant la consommation en « gallons » et le montant en dollars. Un tuyau et une poignée de préhension avec un système de blocage, marche/arrêt. L’ensemble de couleurs bleu et jaune, avec le logo « Richfield » en façade et repris en décoration lumineuse au sommet.
Métal, verre, caoutchouc
En fait, un psychanalyste amateur pourrait dire beaucoup sur les pompes à essence ! Leur forme, qui évoque les stèles dressées, érigées verticalement vers le ciel, comme les livres dans la bibliothèque du grand-père du jeune JP Sartre (« Les mots »). Leur couleur, toujours vive, souvent rouge, ce qui dans notre moderne culture occidentale signifie jeunesse, vie, beauté (en russe). Leur nom même… en font des symboles phalliques évidents, sans parler du tuyau à la fois long et souple au repos, ou du levier qui servait à les actionner par traction, comme un « bandit manchot ». Ce n’est pas neutre.
Et en outre, c’est un véritable totem de cette religion de la vitesse, dont la voiture est le temple, avec ses autoroutes, ses garages, etc.
Aux débuts de l’automobile, le chauffeur devait se fournir lui-même en carburant « pétrole » (à distinguer du « pétrole lampant », réservé aux lampes à huile), et en faire provision pour ses trajets, sous forme de bouteilles, bombonnes, etc. Stockage dangereux et peu pratique. D’autant que cette essence pouvait être une fabrication « maison », avec ce que cela comporte d’aléas et d’accidents. Très vite donc, des marques se positionnèrent, rassurantes, fournissant une qualité de carburant constante. S’installa aussi un système de cuve, ou de citerne enterrée, dans laquelle on puisait grâce à une pompe, comme pour l’eau. Dès lors, il fallut disposer de points-relais, stations-service sur le système des chemins de fer (« station » = gare en anglais), avec leurs réservoirs d’eau et de charbon pour les locomotives, ou des diligences avec relais de chevaux, et auberges. L’affaire se généralisant et la voiture à essence prenant le pas sur la voiture électrique, les compagnies pétrolières connurent un âge d’or, notamment en Amérique, qui pourtant n’était pas en tête de l’industrie automobile (Cocorico ! France, suivie de l’Allemagne, etc.), ni de la transformation des produits pétroliers (re-nous !).
Les premières stations équipées de pompes (à Colombus, Ohio, en 1910 ? Gulf en établit une à Pittsburg en 1913, entièrement et uniquement dédiée à la voiture) furent donc les boutiques où on trouvait des bidons auparavant, épiceries ou autres. Aux lendemains de la première guerre mondiale, c’est l’explosion de la voiture, et de ses besoins. Une première station ouverte 24/24 et 7 jours sur 7 voit le jour en 1927. Les pompes font désormais partie du (nouveau) paysage traditionnel d’une Amérique qui se construit. Stations-service et pompistes -ou femmes de pompistes- sont au cœur de chefs-d’œuvre littéraires modernes, « Gatsby le magnifique », ou « le facteur sonne toujours deux fois » (mais, c’est vrai, moins présentes chez Kerouac).
La France suit le mouvement, et « forte d’une administration que le monde nous envie » (qui a écrit cette phrase ?) et s’adapte. Certaines municipalités exigent que les pompes, nouveau quasi-mobilier urbain, s’intègrent au paysage. A Paris, elles doivent s’assortir aux couleurs des lampadaires ! Pourtant 90 000 sont déjà installées en 1939 en France, le plus souvent aux couleurs des marques -nombreuses, car si le pétrole vient de l’étranger, une large partie du raffinage se fait en France, dans des exploitations parfois réduites-, et avec des compteurs volumétriques qui s’adaptent aux mesures du pays (litres en Europe, gallons aux USA…).
Les années quarante et suivantes découvrent et envient le « American way of live », avec sa profusion, sa liberté de consommation et ses encouragements à profiter de la vie. Le progrès est une valeur essentiellement positive, et l’Amérique l’incarne. C’est une multitude de révolutions culturelles, notamment esthétique. Le « design » s’impose, sous ce nom, même si l’esthétique humaniste, malmenée il est vrai par les courants du début du siècle (jusqu’au Bauhaus) est une idée vieille comme… le monde. Les graphistes façonnent ou dessinent par la publicité mais aussi directement par des objets tout notre univers, mental et matériel, ou au moins notre environnement. Raymond Loewy est un de ces gourous : on lui doit le logo Shell, la carrosserie de la Studebaker et des locomotives GG1 tout autant que les emballages de « lucky srike ».
Tard venue (1907) dans la compétition pour la vente d’essence, la Richfield company, essentiellement californienne, ouvre sa première station-service à Los Angeles, en 1917, dans une ville taillée pour la voiture. Elle subit la crise de la Grande dépression, et, mise en redressement judiciaire en 1931, elle est sauvée in extremis par des échanges d’actions. Ses couleurs, bleu et jaune, se mariaient dans un logo où l’aigle américain apparaissait ailes déployées, prêt à fondre sur une proie. L’entreprise a été refondue dans BP.
Actuellement disponible à : Paul Bert (93)
Dimensions
HAUTEUR | 224 cm |
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LONGUEUR | 67 cm |
PROFONDEUR | 37 cm |